0 Shares 3916 Views

Le Palais de Tokyo présente “Six Continents, ou plus” et l’imaginaire africain

Œuvres de Maxwell Alexandre © Susana Navarro Hospinal

Jusqu’au 20 mars prochain, le Palais de Tokyo présente Six Continents, ou plus, une exposition regroupant six propositions différentes et le travail de 24 artistes de diverses nationalités. Cette exposition propose plusieurs aspects et regards sur l’imaginaire africain.

Les expositions explorent des formats divers, avec des visions du monde variées, chacune présentant un imaginaire individuel. L’exposition dans son ensemble cherche à montrer plus de terrain commun vers un sens de la communauté.

“Ubuntu, un rêve lucide”

“Ubuntu”, dans les langues bantoues d’Afrique du Sud, peut être traduit comme “je suis parce que nous sommes “. Il provient de la philosophie africaine selon laquelle tous les êtres humains vivent dans une interdépendance constante.

Exposition Ubuntu, un rêve lucide – Grada Kilomba © Susana Navarro Hospinal

Dans cette exposition, on retrouve les pièces de 19 artistes. Le travail de Grada Kilomba est particulièrement remarquable, avec ses installations vidéo Illusions: Vol I, Narcissus et Echo (2019); Vol II, Oedipus (2018) et Vol III, Antigone (2019).

Cette trilogie d’installations vidéo s’inspire de trois mythes de la Grèce antique, ramenés à notre société contemporaine à travers des thèmes toujours d’actualité tels que le racisme, la violence envers certains personnes en raison de leur orientation sexuelle ou encore la persistance des regards coloniaux.

Grada Kilomba présente une combinaison de performances, de théâtre et de musique… Et dans un écran latéral, elle devient griot, personne qui dans la tradition orale africaine est en charge de raconter des histoires.

Maxwell Alexandre et sa vision des favelas du Brésil 

L’art a longtemps été un domaine réservé à l’élite ou aux connaisseurs et c’est encore parfois le cas. Mais pour Maxwell Alexandre, artiste brésilien, l’espace d’exposition devient un espace de lutte pour que les minorités et les personnes reléguées à l’arrière-plan aient une voix.

L’exposition de Maxwell Alexandre, New Power, rassemble plusieurs grandes toiles, suspendues de manière à ce que le spectateur puisse s’y promener comme s’il se trouvait dans les couloirs d’un musée.

Exposition New Power, de Maxwell Alexandre © Susana Navarro Hospinal

On peut y voir la diversité de la population afro-descendante représentée dans un espace où elle n’a pas été suffisamment rendue visible. L’artiste cherche à s’emparer du “cube blanc” et à déplacer le contrôle que les groupes de pouvoir exercent sur les récits et les images qui régissent le système artistique.

Le retour de la mémoire australienne par Jonathan Jones

Jonathan Jones est un artiste australien qui a installé au Palais de Tokyo, son œuvre Sans Titre (Territoire Originel).  Le projet est basé sur les transports, découvertes, annotations et interprétations coloniales faites par l’expédition française de 1800-1803 dans les territoires australiens.

Exposition Sans Titre (Territoire Originel), de Jonathan Jones © Susana Navarro Hospinal

On peut tout d’abord y admirer 300 broderies faites à la main par des artistes et artisans migrants vivant à Sydney, reproduisant les plantes qu’il ont collectées et qui sont conservées à l’Herbier national de Paris. On y trouve également des représentations picturales des aborigènes, entourés de couronnes napoléoniennes faites de matériaux typiquement australiens.

Les connaissances et les objets passent par un processus de traduction et d’interprétation qui peut être influencé par une lecture du côté colonisateur. Ils peuvent aussi être dépouillés de toute la charge culturelle et traditionnelle dont ils étaient dotés dans leurs lieux d’origine, et qui fait partie de la mémoire collective.

Exposition Sans Titre (Territoire Originel), de Jonathan Jones © Susana Navarro Hospinal

Sarah Maldoror et le pouvoir de l’image

Le dernier espace mais non le moindre… Une salle entière du Palais de Tokyo est consacrée à la cinéaste Sarah Maldoror, dans le cadre d’une exposition rétrospective de la pionnière du cinéma africain.

Ses films sont un témoignage important rendant visibles les problèmes sociaux et politiques de divers pays du continent africain, ainsi que les différents mouvements africains de décolonisation.

Il est intéressant de voir une grande partie de son œuvre rassemblée et de visualiser non seulement sa dimension politique, mais aussi son intérêt à rendre les femmes visibles, devant et derrière la caméra.

Articles liés

“Riding on a cloud” un récit émouvant à La Commune
Agenda
122 vues

“Riding on a cloud” un récit émouvant à La Commune

A dix-sept ans, Yasser, le frère de Rabih Mroué, subit une blessure qui le contraint à réapprendre à parler. C’est lui qui nous fait face sur scène. Ce questionnement de la représentation et des limites entre fiction et documentaire...

“Des maquereaux pour la sirène” au théâtre La Croisée des Chemins
Agenda
109 vues

“Des maquereaux pour la sirène” au théâtre La Croisée des Chemins

Victor l’a quittée. Ils vivaient une histoire d’amour fusionnelle depuis deux ans. Ce n’était pas toujours très beau, c’était parfois violent, mais elle était sûre d’une chose, il ne la quitterait jamais. Elle transformait chaque nouvelle marque qu’il infligeait...

La Croisée des Chemins dévoile le spectacle musical “Et les femmes poètes ?”
Agenda
108 vues

La Croisée des Chemins dévoile le spectacle musical “Et les femmes poètes ?”

Raconter la vie d’une femme dans sa poésie propre, de l’enfance à l’âge adulte. En découvrir la trame, en dérouler le fil. Les mains féminines ont beaucoup tissé, brodé, cousu mais elles ont aussi écrit ! Alors, place à leurs...